Le Desman

19/09/2022
Le Desman

Un plan d'action national en faveur du Desman, joyau vivant des Pyrénées

 Cette découverte tardive en dit long sur cette espèce de mammifère atypique: en activité la nuit, le Desman vit en milieu semi-aquatique, en particulier dans les torrents de montagne rapides ou les rivières à truites, froides et bien oxygénées.

Son aspect peut également étonner les néophytes car il s’agit d’une boule de poils sombres de 60 gr à peine avec une trompe tactile de deux centimètres de long en guise d’appendice nasal.

Grâce à ses pattes arrières palmées, il est très à l’aise dans l’eau où il trouve l’essentiel de ses ressources alimentaires (larves d’invertébrés) qu’il a l’habitude de consommer sur la terre ferme où il se déplace sur la pointe de ses griffes.

Le Desman des Pyrénées est discret, la connaissance de l’espèce est encore fragmentaire mais nos voisins espagnols ont assisté à un net recul de son aire de répartition (70% en 20 ans) preuve que ce patrimoine vivant des Pyrénées est gravement menacée.

En France l’espèce menacée d’extinction est protégée au même titre que le très médiatique ours brun des Pyrénées.

Il existe encore entre 2 à 8 Desmans par kilomètre de cours d’eau mais du fait de la dégradation de son habitat et des modifications engendrées par les activités et les aménagements humains, ce petit joyau d’adaptation à la vie aquatique et des eaux vives voit son avenir s’assombrir et sa vie menacée : les menaces tels que les aménagements ou les centrales hydrauliques, la destruction de la végétation des berges, la pollution ou la pratique de sports aquatiques peuvent affecter les populations. A cela ajoutons les prédateurs naturels : loutres, brochets, buses, chats domestiques ou visons d’Amérique arrivés il y a 4 à 5 ans en Ariège.

Description du Desman

Anatomie externe

Le Desman des Pyrénées ou Rat-trompette est un mammifère de la famille des talpidés qui ne vit que dans les Pyrénées et le nord de l’Espagne et du Portugal. C’est un insectivore semi-aquatique, vivant à proximité des torrents et de mœurs essentiellement nocturne. Il est surnommé rat à trompette à cause de la forme de son museau.
 
C’est un animal discret, difficile à observer et qui craint peu l’homme. Il se nourrit exclusivement de larves aquatiques sensibles à la pollution.
 
Le desman ressemble anatomiquement à d’autres animaux tels le rat, la taupe ou la musaraigne :
- du rat, il possède tout l’arrière-train : des pattes robustes, des cuisses trapues, une longue queue lui servant à se déplacer aisément dans son milieu de prédilection, l’eau ;

- de la taupe, il possède la partie avant du corps : des pattes griffues servant à creuser la terre pour aménager le terrier, centre d’éducation pour ses petits et abri indispensable contre ses différents prédateurs ; 

- de la musaraigne, il possède une trompe hyper développée lui servant à repérer les larves dont il se nourrit. Cet organe très perfectionné lui est donc indispensable pour sa survie.

Le desman mesure environ 25 cm, dont plus de la moitié pour la queue et pèse de 50 à 60 grammes. Il a des pattes palmées.
A terre, son corps s’apparente à une petite boule de poils gris bruns, luisants, argentés en dessous, avec une teinte fauve dans la région pectorale, regroupés en petits paquets donnant l’illusion d’écailles. Ces poils garantissent une très grande étanchéité grâce à un toilettage quotidien avec une substance sécrétée par une glande abdominale.
La fourrure du desman est parfaitement conçue pour les plongées subaquatiques. Elle est composée de deux couches de poils : une couche interne, un duvet bouffant et soyeux qui ne se mouille jamais, et une couche externe – la jarre – faite de longs poils d’inégales longueurs, aplatis comme des bandes. Sous l’eau, cette combinaison ne forme plus qu’une épaisseur bien lisse lui permettant d’économiser le maximum d’énergie calorifique grâce à un très grand dynamisme. De plus, elle emprisonne une couche d’air isolante qui le protège de l’eau et du froid. Mais cette membrane d’air le fait remonter à la surface comme un bouchon de liège. Le desman est donc obligé d’être continuellement en mouvement pour pouvoir chasser ses proies, ce qui entraîne une dépense calorifique supplémentaire.

Ses yeux minuscules sont cachés sous ses poils. Le desman des Pyrénées est quasiment aveugle. Il est à peine capable de distinguer les ombres de la lumière.  Ses oreilles, dépourvues de pavillons, sont cachées sous sa fourrure.

De cette petite boule dépasse, à l’arrière, une queue robuste au départ qui s’affine et se termine par une petite touffe de poils blancs, et, à l’avant, une trompe poilue et mobile, décomposée en deux lobes.

Cette trompe est l’organe de perception le plus important pour le desman. C'est à l’aide de celle-ci qu’il repère ses proies sous l'eau et qu'il perçoit son environnement aérien et aquatique.

Dans l’eau, son milieu privilégié, son corps devient fuselé, ses pattes avant repliées contre lui, ses pattes arrière robustes, palmées et écartées à 45 degrés, servant de pagaies, sont dotées de vingt griffes pointues comme des aiguilles et lui permettent de s’agripper aux rochers lisses malgré la force du courant.

Activité

L’activité du desman des Pyrénées est essentiellement nocturne. Cependant, il existe une période de forte activité diurne entre les mois de février et de mai, qui correspond à la saison de reproduction des individus.

Les principaux déplacements du desman s’effectuent dans le milieu aquatique au cours de la recherche de la nourriture.  Sa nage est très rapide et le mouvement alterné de ses pattes postérieures lui donnerait une nage zigzagante, si sa queue, puissante, n’en corrigeait pas les écarts. Ses rares déplacements terrestres sur les berges ou sur un rocher au milieu de la rivière, ne sont que moments de repos consacrés à sa toilette (étanchéité du pelage, débarras des parasites…) ou au séchage de son épaisse fourrure. À terre, le desman se déplace en claudiquant du fait de l’importante taille de ses membres postérieurs.

La recherche de la nourriture
Le desman des Pyrénées repère ses proies et les détecte à l’aide des sens tactiles et olfactifs. Les sens de perception siègent principalement dans sa trompe. Il est cependant incapable de poursuivre une proie qui nage ou que le courant emporte. Il se nourrit donc de larves fixées à des rochers ou d’insectes s’approchant trop près de la surface de l’eau.

Le territoire et le mode de vie

Le domaine vital du desman, son territoire, semble varier en fonction du lieu (abondance de nourriture ou non, densité de population…) et en fonction du sexe de l’individu. Chaque spécimen connaît son territoire sur le bout de sa trompe. Il a gravé dans sa mémoire, le goût de son eau, l’odeur des berges, le circuit familier et immuable de son labyrinthe.

Ils vivent soit en couples, soit seuls, errant le long d’un cours d’eau.

Les mâles et les femelles vivent donc dans tous les cas dans des terriers différents.

Le terrier est généralement une cavité déjà creusée sur la berge par d’autres espèces, composé d’un long couloir d’une dizaine de centimètres à l’entrée, se terminant par une chambre tapissée de mousse, de branches et d’herbe qui sert de nid aux individus.

Espérance de vie

Les mâles et les femelles ont une espérance de vie de trois ou quatre ans.

Le régime alimentaire

Le desman des Pyrénées a besoin d’ingérer au quotidien plus du tiers de son poids en nourriture (20 grammes) pour être en pleine forme.

Le desman des Pyrénées semble privilégier les larves de Trichoptères, à valeur énergétique élevée, qu’il chasse exclusivement en plongeant de 15 à 20 secondes dans l’eau. De plus, ces larves sont de taille plus importante, donc plus faciles à capturer et par conséquent d'un grand apport d’énergie pour un effort moindre.

Celles-ci seront consommées hors de l'eau, sur la berge, en position assise sur les pattes postérieures. Et c'est à l'aide de sa trompe, une fois encore, qu'il les poussera vers sa gueule.

La consommation de poissons n’a jamais été remarquée au cours des différents travaux d’analyse. Le desman des Pyrénées ne consomme donc, à de rares exceptions près, jamais de poisson.